Bonjour , j'espère que vous allez bien, le mieux possible
Quand j'ai pensé au carnaval et l'ai proposé il y deux/trois mois
un carnaval vivant, digne à mes yeux de ce mot, nait d'interstices, de brindilles, de recoins, de marginalisé es – certes les institutions récupèrent – comme souvent... mais le sel de la vie vient d'ailleurs
je bossais dessus sur le plan politique, subversions populaires et libérations
mais aussi
mais aussi récupérations – dérives - à la base de carnavals : exclusions, racismes, caricatures de lgbti, trans, Rrom, de Musulman es, de vieu elles, de Noirs, de Juif ves, Black face, problèmes physiques etc... et ce ancré dans le racisme structurel, historique et présent, qui n'est en rien une simple dérive -
donc les risques populistes existent– planqués bien sûr dans la liesse et la liberté, la récup' la jouissance et le rire... et le consumérisme a dévoré des carnavals jadis populaires
à l'inverse de cela le surgissement vital et tonique où le carnaval peut être au contraire la prise de parole et de trajet de populations désirant créer leur événement – être, vivre sans maitres ( à penser, à danser, à croire ou ne pas croire), évènement solidaire, la danse et la musique au cœur, le mouvement
la liberté du mouvement, fluide, adroit ou malhabile, mouvements des partages et c'est celui-ci dont j'ai envie évidement – un carnaval il y a est un sens, une direction commune,
pour vivre et survivre ensemble, pour se protéger de l'épidémie raciste, pour refuser la reprise du système qui a mis à nu les systèmes de santé, de services publics...
le carnaval des solidarités - avec des musiques en rapport et une liberté de ton, de pas - critique des pouvoirs en place car il y a de quoi faire
oui un forme de manif – cette année plusieurs manifs avaient déjà des allures de carnaval, où les chants, la musique et la danse étaient à l'honneur et moteurs des mouvements sociaux
oui avec des distances physiques , à utiliser
des chants révolutionnaires,
des masques qui pourraient être là et vraiment beaux...
passer par des lieux qui ont témoigné de leurs solidarités, qui ont besoin de nos solidarités, qui sont en lutte, solidaires, qui sont exposés, au danger sanitaire, au danger alimentaire et économique, au danger des violences policières, au danger de l'effacement :
l'Aeri, les brigades, la parole errante, les cantines...
il y a évidement les lieux de santé, l'hôpital A Grégoire, les centres de santé, les Ehpad...
les camarades Baras Stalingrad, toujours pas relogés – ce qui restera un scandale complet de Montreuil – malgré moult gestes, lettres, pétitions, actions depuis des mois – pour que la mairie réquisitionne un immeuble vide !!! le triste lieu des acacias, expulsé à coup de bulldozer le lendemain du confinement
C'est un esprit collectif, engagé au présent, qu'est-ce qui nous est vital, nous tient debout,
la fièvre et la liesse, c'est comme pour l'humour et la comédie, qu'est-ce qui sauve le rire d'être cynique et sarcastique, vénéneux et discriminatoire ? c'est la solidarité et le collectif – l'intelligence de se remettre en question et la bienveillance -
nous vivons entre deux foyers, les grands pêchers et celui des ruffins, où des gens ont pas beaucoup de sous, aux ruffins il y a pas mal de vieux ielles – on y va apporter un peu de soutien – il faut continuer après le 11
il peut y avoir confinement, gestes barrières, et ne pas être enfermé es et être contre les enfermements
se toucher n'est pas la marque de la solidarité, comme au temps des luttes sida, avec Gwen je
relève que les remparts c'est nous, et les soignant.es, c'est la mémoire des luttes comme au temps du sida où « nous savions la nécessité de prendre soin de soi pour ne pas transmettre à d’autres y compris des pathologies bénignes pour nous mais potentiellement grave pour nos amis immuno-déprimés.
Nous savions respecter les mesures de précaution élémentaires, ne plus nous embrasser s’il le fallait et quand il le fallait et célébrer la vie néanmoins.»
Avec cet autre virus c'est continuer, longtemps de savoir que des gestes bénins, des rapprochements physiques blesseront, nuiront, tueront peut-être les plus fragiles – et ce n'est pas les revers de la main, comme hier les refus de pub pour les capotes qui changeront cela
donc ce carnaval peut exister joyeux et vraiment réfléchi du côté prévention –
mettant à l'honneur luttes pour une écologie décoloniale, pour la décroissance, pour un féminisme vital
La première forme d'une oppression n'est pas la violence explicite ni la haine. C'est l'invisibilisation. Dans le cas du d'un virus, de la santé, de la faim, cela tue.
Visibilisons beautés et musiques, rassemblements populaires et quartiers, personnes responsable et joyeuses de l'être – dansons la vie, rendons hommages aux mort es – brûlons le vieux monde capitalo colonial – autant que nous le puissions -
car personne aujourd'hui ne peut ignorer que les choix doivent se faire et vite, et radicaux, et il vaut mieux discuter sur le chemin, en dansant que d'enfouir les questions qui dépassent e loin les seules incompétences du gvt et des pouvoirs locaux – mais demandent au contraire à ce que les quartiers prennent leur modes de vie, leurs réflexions et leurs débats en main pour des décisions d'ample résonance collective...
des bises à tout le monde
Inès de luna
J'ai adoré ton texte Inès, il est super intéressant, il nous rappelle les atmosphères d'aujourd'hui, qui sont les mêmes qu'hier, il nous encourage à voir et à réfléchir, sur la vie, la fête, la lutte, j'aime bien la proposition d'un carnaval solidaire et mixte, avec toute sa force et sa magie, même dans les périodes difficile d'aujourd'hui. bise...
Le très beau texte d'Inès de Luna, reflet de son engagement, je n'en doute pas, porte haut les valeurs de solidarités et d'espoir que la Ruffinerie défend aussi. Il contient des pistes de lieux et de publics que nous (le collectif) pourrons inclure dans la future construction du "Carnaval des retrouvailles" que nous proposons. Cette construction est à faire et doit être collective et inclusive pour être vraiment "à sa place". A sa place dans notre Quartier, dans notre Ville, et c'est important pour moi de le souligner. S'il est important de rester critique et vigilant.e.s vis à vis de tout "décideur", politique ou non, il est essentiel de se réjouir aussi de la chance que nous avons de développer nos projets, y compris celui-ci, dans cette Ville qui sait accueillir et considérer l'art et la culture comme une solution solide. L'importance de la réjouissance est prégnante, par ailleurs, dans le texte d'Inès de Luna. Pour rebondir sur cette jouissance de la danse et du partage, je livre moi aussi un texte à la croisée de l'actualité et de l'expression :
La Danse
Ensemble et chacun, chacune, nous dansons et nous pensons. C’est ce qui fait la beauté de notre « bande », son ciment.
«Inventer, c'est penser à côté», disait le père de la physique moderne, Albert Einstein. Toute sa vie, cet anticonformiste de génie a refusé de marcher dans les clous, plaçant la créativité au cœur de sa démarche scientifique. Nous, les dansantes et dansants, dans l’essence même de notre art, et dans sa pratique « non-contrainte », sommes l’incarnation de cette démarche créative, comme fondatrice de nos sociétés. La danse est autant la conscience (à tous différents paliers) que l’inconscience (à tous différents paliers). L’attention et l’observation la nourrissent, l’enrichissent, jalonnant son évolution de déductions importantes, allant d’émotionnelles à réalistes (à tous différents paliers). La déduction n’est pas seulement un des outils majeurs des sciences et de la recherche, c’est aussi un art : la déduction mérite et nécessite de la créativité, de la vigilance, de la permanence et de la persévérance. C’est même un art populaire qui nous implique dans notre être, avec notre histoire singulière et collective. La déduction, sœur jumelle de la création, est une forme de lâcher-prise, un état d’attention et de concentration jouissif et aventurier. Ce n’est pas un théorème, un dogme, un modèle [comme le fameux « thèse, antithèse, synthèse » dont nos professeurs nous ont abreuvé.e.s, ou l’incontestable « test randomisé en double aveugle » hors duquel aucune médecine ne saurait être considérée etc, etc, etc]. Ainsi, cet incomparable outil qu’est la déduction, peut être notre ressenti en même temps que notre analyse du monde, notre grille de décodage. Il peut nous conduire au-delà de nos habitudes [dans nos corps, ainsi qu’allant de nos corps à un regard porté sur le monde]. Nous ne devons pas nous contenter de l’évidence, ni du 2ème, 3ème ou énième degré. Il n’y a pas d’échelle de valeurs inconsistante. Tous les regards sont utiles mais aucun n’est suffisant. Chaque stade, échelle, nous révèle sa part de vérité. Rien de ce qui se fige n’est en lien avec le mouvement perpétuel de l’univers, donc de chacun, chacune. Ainsi la danse, elle, est toujours en phase, en osmose. Mouvement perpétuel, danse de la vie, beauté d’une pensée libre, d’une dansée libre.